Un fanzine toulousain que je lisais étant étudiant a lu un de mes petits textes et a décidé de le publier ! Youpi tralala... Une histoire à suivre donc. Je vous le livre en avant-première et aussi les crayonnés des illustrations qui vont avec... Bonne lecture...
Générique de début : Musique du style Indiana Jones ou une série B quelconque… Octobre 1920, un salon toulousain. Le salon cossu de monsieur de la Folle-Bergerie recevait souvent des visiteurs de marque, mais rarement des personnalités aussi marquées que ce jour là. Les invités, au nombre de quatre arrivaient les uns après les autres depuis le début de la matinée. Enfin, c’est à midi pile que le quatrième et dernier convive se vit précéder par un majordome tout en rouflaquettes et tenue amidonnée dans le fameux salon. Monsieur de la Folle-Bergerie se leva, imité par les autres. Certains avaient un verre en cristal à la main, remplis qui d’une liqueur sombre, qui d’un cognac ambré, qui d’un vin rouge sang, d’autres fumaient qui le cigare, qui la pipe. -Mon cher capitaine Spring, nous n’attendions plus que vous, fit Orland de la Folle-Bergerie en serrant la main d’un homme dans la force de l’âge, tenant une canne dans une main et son chapeau dans l’autre. Prenez donc place. Le capitaine salua d’un bref coup de tête les différents convives. Il arrêta un instant son regard bleu acier sur le beau visage d’une jeune femme certainement italienne, aux beaux cheveux noirs coupés au carré. Elle portait de fines lunettes de métal, rondes. -Je suis bien aise de vous voir tous ici mes amis, commença Orland. Il n’est pas loin le temps où nous nous rencontrions pour la première fois à ce fameux exposé en 1913. Depuis, la guerre est passée par là. Nous en savons tous quelque chose. Enfin… Si vous êtes ici, c’est que j’ai su vous convaincre de me suivre dans ma toute première expédition africaine. Comme je vous le disais dans ma lettre, j’ai enfin trouvé la piste que je cherchais. Je crois savoir qu’une tribu Alain c’est enfoncée vers le cœur de l’Afrique. Les écrits d’Hamilton sur le sujet sont formels : un des chefs Alain décida de ne pas poursuivre vers l’Est mais d’aller vers le sud à la recherche de la mystérieuse civilisation de Hasvro. Vous aviez tous, à l’époque, montré un intérêt passionné pour cette éventualité. Aujourd’hui je vous propose de mener cette passion, ce rêve, vers la réalité ! Nous partons pour Alger dès ce soir, avec pour première étape Marseille. C’est ainsi que l’expédition Folle-Bergerie débuta. Nous en connaissons tous la fin, hélas. Mais peu d’entre nous savent vraiment ce qu’il advint de ces courageux aventuriers. Avant d’aller plus loin, faisons un peu connaissance. L’organisateur et chef d’expédition n’est autre que le Baron de la Folle-Bergerie, un noble dans la force de l’âge. En son jeune temps champion d’escrime, ce grand amateur de cognac et de cigare sait aussi manier l’arme de poing avec dextérité. Malgré une sainte horreur de la République, il a combattu sous son drapeau lors du récent conflit mondial. Il y a perdu ses deux fils. Par ce sacrifice, il a définitivement rayé de son centre d’intérêt la moindre préoccupation politique ou républicaine. Il n’aime pas plus les aristocrates. Le baron est une sorte d’anarchiste mondain mais extrêmement féru d’histoire. Portant moustache et favoris il ne se déplace jamais sans son fidèle majordome, Anastase. Le plus jeune de l’expédition n’est autre que le très controversé Morgan O’Connor, rendu célèbre par ses actions au Moyen-Orient en tant qu’espion de la couronne. Irlandais aimant les anglais, il a depuis longtemps été banni par les siens. Il a récemment intégré le très anglais British Museum pour le compte duquel il sillonne le monde, pillant… pardon, fouillant diverses ruines et en rapportant des objets intéressants. Le capitaine Edward Spring ne chérissait pas ce rouquin aux yeux verdâtres. Il restait avant tout un Irlandais. Le capitaine, lui, était un anglais jusqu’aux bouts des ongles et de la moustache qu’il avait brune. Héros de la Somme, on parlait dans les milieux autorisés de sa toute prochaine promotion au grade de commandant mais aussi de son accession, à la demande du souverain, au titre de Lord. Spring était un archéologue amateur et il n’avait pas hésité, avec l’accord de sa hiérarchie, à prendre part à cette expédition. Il avait un faible pour la gente féminine, et l’alcool… Enfin, pour compléter ce noyau d’aventuriers, il fallait compter avec deux femmes remarquables. Miss Elisabeth Shaw, veuve de feu l’explorateur Shaw, qui avait accompagné en son temps de nombreuses expéditions du National Geographic. Américaine du midwest, elle nourrissait une admiration pour Théodore Roosevelt et ses safaris. Miss Shaw connaissait un nombre d’idiomes impressionnants et surtout possédait des cartes et des notes précieuses, héritées de son mari. A l’opposé vestimentaire et à la mentalité résolument moderne se tenait la signorina Fiora Neri, jeune dilettante archéologue, dont le père était un ami de longue date du Baron. Ce que beaucoup ignorait, c’est qu’elle maniait le fusil comme certaines maniaient le dé à coudre : avec une dextérité certaine !
C’est ainsi que toute la troupe après un bon repas se retrouva à vaquer à ses occupations de dernière minute avant le grand départ dans la soirée à bord des voitures du baron. Le jeune O’Connor déambulait dans les ruelles de la ville occitane quand il crut voir un visage qui l’observait au coin de la rue Saint-Rome. Il pressa le pas tout en vérifiant que ses armes reposaient bien dans les holster, contre ses flancs. Il ouvrit son blouson de cuir en bifurquant brusquement dans une minuscule ruelle. Morgan se faufila sous une porte cochère et attendit. L’homme passa au pas de course : il portait des vêtements russes. O’Connor y séjourna un temps durant la guerre pour le compte du Foreign Office. Il avança d’un pas, les armes à la main. -Alors tovaritch, on fait du tourisme ? lança-t-il, goguenard. Le russe se retourna avec une rapidité inouïe. O’Connor lança un « «’damn ! » en plongeant sur le côté, faisant feu de toute son artillerie. Le couteau lancé par le russe le manqua de peu et se perdit dans la rue. Il rebondit au loin avec un sinistre tintement. Le soviétique tressauta dans une danse macabre sous les balles. Il s’effondra en invoquant la mère patrie. On entendit presque des violons éplorés résonner dans la ruelle. Morgan se releva, rangeant ses armes. Il fouilla rapidement le cadavre. Rien. Ils étaient efficaces à la Tcheka. Que pouvaient-ils bien lui vouloir ? O’Connor pesta. Sans un regard en arrière il regagna son hôtel pour y prendre ses affaires. Dans la ruelle, la silhouette d’une femme s’avança lentement. Une cigarette au coin de ses lèvres pulpeuses la blonde contempla le corps criblés de balles. -Pauvre Igor… Tu as toujours été trop imprudent. C’est ton ultime leçon. Tu es renvoyé ! marmonna-t-elle dans un français au fort accent russe d’une voix délicieusement rauque. Elle se mit à suivre discrètement l’irlandais.
Générique de fin d’épisode : une musique entraînante et mystérieuse. Une voix off façon 3eme République avec trémolos étudiés annonce : « Dans le prochain épisode, nos amis vont enfin se lancer dans l’aventure. Qui est donc cette étrange femme fatale qui les suit ? Quels périls attendent nos aventuriers ? Vous le saurez en suivant le prochain épisode de L’Expédition : Danger à Alger ! »
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